Le Président de France-Rila, a donné un interview à DNEVNIK

Le Président de France-Rila, a donné un interview à Mme Denitza Kamenova pour le journal Bulgare DNEVNIK :

(Dnevnik) 1. Pourquoi avez-vous décidé de participer dans la campagne pour sauver Rila? Comment l'organisation "France Rila" a été-elle fondée, quelles sont ses fonctions et combien de personnes y participent?
(D. Morand) La France est en pleine prise de conscience écologique. Cette année l’élection présidentielle elle-même a été concernée. Les candidats ont signé un « pacte écologique » dans lequel ils s’engagent à faire de l’écologie un axe central de la politique française. Les écologistes français sont sortis d’une position minoritaire pour imposer une action politique écologiquement responsable. Le pacte écologique a été proposé par Nicolas HULOT. Il a créé un comité scientifique très compétent qui a proposé le pacte écologique : un ensemble d’analyse et de propositions rassemblées dans un livre.
De plus, le film de Al Gore « Une vérité qui dérange » a été projeté à l’assemblée nationale, ce qui a mis notre gouvernement face à l’urgence écologique. De nombreux hommes politiques agissent dans ce sens, même si le chemin est encore long. Dans ce contexte l’appel d’aide lancé par la « Let the nature remain in Bulgaria » nous a semblé d’une extrême importance. La situation du parc national de Rila est tout à fait symbolique de l’opposition entre les intérêts privés écologiquement criminels et les aspirations légitimes des personnes plus responsables à protéger la vie au sens large. Avec quelques amis nous avons décidé de soutenir la campagne de protection de Rila pour de nombreuses raisons.
Tout d’abord car nous espérons une victoire qui fera boule de neige. En sauvant Rila, nous espérons créer un mouvement de grande ampleur qui fera de la Bulgarie une nation prospère et écologiquement exemplaire. Ensuite la destruction d’un si magnifique lieu, pour enrichir des gens malhonnêtes, en infraction avec de si nombreuses lois, nous semble épouvantable.
Dès que nous avons reçu l’information concernant les travaux à Rila, nous avons créé l’association, le soir même. Nous avons travaillé toute la nuit à envoyer des mails dans le monde entier, y compris à l‘ambassade de Bulgarie à Paris. Au début c’était une association informelle. De nombreuses personnes ont proposées de l’aide, ce qui a fait rapidement augmenter nos effectifs. A vrai dire il est difficile de dire exactement combien nous sommes car chaque jour nous recevons de nouveaux membres et des soutiens sous diverses formes. Notre bureau à lui seul comporte 12 secrétaires, notre trésorier est un banquier professionnel qui a été directeur d’agence à la Barclays, nous avons un conseiller juridique spécialisé dans le droit bulgare. Nous avons aussi de nombreux traducteurs, des photographes, des informaticiens… Nous avons des membres en France, bien sûr, mais aussi en Bulgarie, en Belgique, au Canada, au Etats-Unis, en Suisse. Cette semaine nous avons eu des contacts au Japon… c’est absolument incroyable de voir combien de gens se sentent concernés par la protection de Rila. En à peine quelques mois nous sommes passé des 14 membres fondateurs à plusieurs centaines d’adhérents. L’adhésion pour les bulgares est d’ailleurs gratuite, un simple mail et un peu de bonne volonté suffisent. Notre but est la protection du parc de Rila, ce qui signifie tout d’abord l’arrêt des travaux illégaux. Au-delà nous souhaitons participer au développement d’un tourisme équitable entre la France et la Bulgarie, c'est-à-dire un tourisme qui respecte la nature et qui profite aux populations locales. Notre consultante locale Nelly ARABADJIEVA travaille avec nous sur ce projet. Nous avons également de nombreux contacts dans le monde du tourisme en France.
Les hôtels immenses ne rapporteront que des ennuis aux gens de la région. L’argent ira dans la poche des promoteurs, les prix monteront et les habitants n’auront bientôt plus les moyens de vivre sur place. Ils devront vendre leurs biens et seront ruinés. C’est ce qui se passe au Maroc, à Marrakech par exemple. Pensez-vous vraiment que des personnes qui frappent des écologistes et menacent des journalistes ont quoi que ce soit à faire du bien être des gens qui vivent à proximité de leurs investissements ?

2. Pensez-vous que les actions civiles peuvent arrêter les violation de la loi?
Bien sûr ! Lorsque de nombreuses personnes demandent vigoureusement et intelligemment à un gouvernement de faire respecter la loi au nom du bien être collectif, elles peuvent avoir gain de cause. C’est dans un premier temps le rôle des courageux activistes de sonner l’alerte. Vous avez des organisations dynamiques en Bulgarie : Za zémiata, Green Balkan, Agrolink et tant d’autres. Tout est sur www.forthenature.org Vous avez des personnes admirables telles que Konstantin Ditchev qui a écrit aux autorités européennes ; Tcveta Hristova qui a réussi à faire venir la télévision franco-allemande (Arte). Mais il y a aussi Andrey Kovatchev, Asen Genov, Bozhidar Lambov, Dobrin Nedev, Kaloyan Raev, Teodor Vassilev, Toma Belev, Yordanka Dineva et le remarquable Svilen Ovcharov.
Quand des personnes aussi courageuses et intelligentes s’expriment ainsi, c’est alors aux médias de relayer l’information, puis aux gens d’agir en conséquence. Il y a les bulletins de vote bien sûr. Si on vote pour des personnes malhonnêtes, il ne faut pas ensuite s’étonner des résultats. Mais lorsqu’il y a urgence, la manifestation pacifique est un bon moyen de se faire entendre. On rit beaucoup en France de l’humour des manifestants qui se mettent du coton dans les oreilles !
En France on voit souvent des petits groupes bien organisés se faire entendre du gouvernement et des administrations. C’est cela la démocratie et l’état de droit. Un citoyen à des droits, le gouvernement est la pour les garantir et non pour s’enrichir. En France aussi il y a parfois des cas de corruption vous savez. Mais les juges sont indépendants et acharnés, certains journalistes aussi et donc cela aide les hommes politiques à être de plus en plus honnêtes. Là aussi il y a du chemin. Mais celui qui ne fait rien n’a pas le droit de se plaindre. Si vous donnez la parole aux gens que j’ai nommé, soyez certain que la Bulgarie deviendra rapidement le joyau de l’Europe.

3. Peut-on attendre que le président Sarkozy, que vous avez saisit, aide d'une manière ou d'une autre à la sauvegarde de Rila ?
La France va bientôt présider l’Europe, donc on peut espérer beaucoup. Plus les médias et les citoyens se mobiliseront, plus on sera en droit d’attendre des actions politiques. La sauvegarde de Rila est à mettre dans le contexte de la lutte anti corruption exigée par l’union européenne de la Bulgarie. Je pense également qu’il ne faut pas hésiter à interpeller les promoteurs.

4. Préparez-vous de nouvelles initiatives?
Oui bien sûr. Nous travaillons avec un photographe, Michael Abraham, à une exposition photo sur Rila qui se tiendra à Paris dans peu de temps. Nous avons reçu de l’aide d’une fondation suisse, la fondation pour une terre humaine, pour créer un journal électronique spécialement consacré à l’écologie en Bulgarie. Il sera trilingue et gratuit. Nous préparons aussi quelques surprises…

5. Il y a-t-il en France des problèmes avec la gestion des zones de "NATURA"? Il y a-t-ils des conflits entre investisseurs et écologistes ?
Il y a eu des conflits dans le passé mais à présent la loi est respectée. Le problème général du réseau Natura 2000 est qu’il est parfois peu compris par les populations. L’écologie est une science avant d’être un courant politique. Parfois des hommes politiques utilisent l’écologie pour faire carrière alors qu’ils n’y connaissent rien. Ce genre de parasite a fait beaucoup de tort à l’écologie en France.

6. Quels sont d'après vous les problèmes écologiques les plus graves ?
Il y a la construction de la centrale atomique Belene sur une zone sismique qui inquiète beaucoup. Il y a tout de même 160 ONG qui se battent contre ce projet. D’autre part, dans très peu de temps nous risquons de manquer d’eau, donc tout ce qui pollue l’eau s’apparente à un crime contre l’humanité. De ce point de vue le parc national de Rila est un trésor à protéger. Les OGM menacent le monde entier de famine. Le documentaire de Monique Robin, Le monde selon Monsanto, est alarmant. Mais tout cela, en fait, est connu depuis longtemps et il est temps de réagir. L’exploitation de l’or à l’aide du cyanure dans les Rhodopes va empoisonner l’eau et tuer les gens aux alentours. La même chose se passe déjà en Amérique du sud et les effets sont dramatiques.

7. Pensez-vous que les gens ont assez d'information pour ces problèmes et les moyens de les éviter ?
Je pense que l’information libre et responsable est un ingrédient indispensable de la vie démocratique. Les bulgares me semblent, pour l’instant, peu informés. Mais des personnes conscientes des enjeux se font de mieux en mieux entendre et c’est à présent aux médias de jouer leur rôle. Il y a par exemple Kristina Koleva de Nova televizia dont il faut soutenir l’action. L’une des plus brillante experte de la lutte anti corruption est Eva JOLY et je ne peux qu’encourager à lire ses ouvrages. Je pense que la Bulgarie peut et va devenir le centre de l’Europe. Les turbulences politiques autour de la corruption et des crimes écologiques sont des signes d’un changement profond et durable. La Bulgarie c’est en premier lieu une terre ! Prenez soin de votre terre, de vos lacs, de vos forêts et le reste suivra. Prendre soin du vivant est rentable, pour tous.