Par Guéorgui Anguélov, analyste économique.
Le Pacte pour l’euro – pour ou contre…
La Bulgarie est sur le point de rejoindre le Pacte pour l’euro, tout comme le Danemark, la Pologne, la Roumanie, la Lituanie et la Lettonie – six pays qui ne font pas partie de la Zone euro, mais qui soutiennent l’initiative de l’Union Européenne visant à jeter les bases d’une réelle gouvernance politique et économique à l’échelle européenne. En revanche, le Royaume-Uni, la Suède, la République Tchèque et la Hongrie ont refusé d’apporter leur appui au projet. Le Pacte est un accord intergouvernemental qui garantit l’accès, pour les pays adhérents, au Mécanisme européen de soutien financier, qui disposera à partir de 2013 d’une enveloppe globale de 700 milliards d’euros. Le Pacte prévoit un plafond pour la dette publique fixé à 60% du PIB, une coordination des politiques fiscales, la revalorisation des salaires en fonction de l’évolution de la productivité du travail, ainsi que le recul de l’âge de la retraite au fur et à mesure de l’allongement de l’espérance de vie. La Bulgarie qui se trouve à la dernière place en ce qui concerne le niveau des salaires et la productivité du travail, se rattrape quelque peu en affichant la meilleure discipline fiscale parmi les 27, avec un déficit budgétaire légèrement au-dessus de la barre des 3% fixée par le Pacte de stabilité. L’analyste économique Guéorgui Anguélov nous explique les différentes facettes de ce projet ambitieux :
« Lors de la préparation du texte du Pacte de l’euro, les pays d’Europe de l’Est n’ont pas été consultés. Ce document prévoit une harmonisation fiscale qui n’est pas du tout dans l’intérêt de notre société et de notre économie – nous avons déjà vu que l’application de taux harmonisés sur les taxes frappant les carburants, a été vraiment préjudiciable pour le consommateur final en Bulgarie. Un autre problème vient de l’évaluation de la compétitivité qui prendra en considération l’augmentation des salaires – selon le Pacte de l’euro, une hausse rapide des rémunérations n’est pas souhaitable. Mais le Pacte ne dit rien des pays européens les plus pauvres qui doivent augmenter les salaires minimum plus vite, pour combler leur retard par rapport aux pays les plus riches. »
Le Pacte pour l’euro a été créé pour y incorporer le Mécanisme de soutien financier si nécessaire à certains pays du Sud du continent, qui rencontrent de sérieuses difficultés avec le remboursement de leur dette.
Guéorgui Anguélov continue sur les autres problèmes soulevés par l’application du Pacte :
« Pour une raison mystérieuse, les deux pays les moins développés au sein de l’UE – la Bulgarie et la Roumanie – vont devoir verser la plus importante contribution au budget du Pacte, en proportion de leur PIB. Il s’agit d’un montant de l’ordre de 6,1 milliards d’euros que Sofia mettra à disposition sous forme de garanties pour les pays en difficulté. »
Certains spécialistes se posent aujourd’hui la question de savoir si l’éventuelle adhésion à la Zone euro mérite vraiment de tels sacrifices de la part de pays comme la Bulgarie :
« C’est tout à fait légitime et logique pour nous de nous poser cette question. Nous adhérons au Pacte pour l'euro, sans même savoir si nous pourrons adopter l’euro ou rentrer dans l’espace Schengen, par exemple. Nous devrions réfléchir avant d’accepter à la légère des compromis qui pourraient nous coûter très cher dans l’avenir. »
source BNR Radio BG